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l est un défi parmi tous ceux que "la métamorphose de la question sociale"
pose aux sociétés modernes qui, à en juger par la teneur des débats, est
d'une certaine gravité : la nécessité de penser autrement la diversité
culturelle en leur sein.
Nécessité, parce qu'il est loin le temps où cette diversité était confinée
dans des aires et à l'intérieur de frontières culturellement et identitairement
"homogènes", même et peut-être surtout si cette homogénéité a été une affaire
de représentations. L'intensification des mouvements migratoires modernes,
les transformations techno-économiques et techno-scientifiques ont fini par
changer nos topographies culturelles traditionnelles. Il n'est plus pertinent
désormais de penser les questions du rapport au lieu et des appartenances
comme autrefois
Autrement, parce que les approches classiques des identités et des
appartenances, essentialistes et binaires, continuent de sévir, sous
différents prête-noms et avec le seul effet de voiler les dissociations
qui travaillent les différents champs (politique, économique, national,
culturel...) du vécu social.
Le travail social, lieu sensible des réponses politiques aux problèmes
sociaux, se trouve ici en première ligne. Les visages concrets de ce défi
s'y présentent dans leur complexité : discriminations, diversité des
pratiques familiales et sociales, demandes de reconnaissance, difficultés
de communication, réinterprétations des identités par les jeunes...
Les travailleurs sociaux se trouvent de ce fait chargés de réinventer
l'ingéniosité sociale qui doit correspondre à ce penser autrement la
"chose sociale" aujourd'hui.
La question est évidemment : comment ? C'est-à-dire avec quels savoirs
et savoirs-faire ?... C'est cette question qui a été mise au travail
par le colloque organisé par l'Institut de Formation des Travailleurs
Sociaux à Echirolles (38) en avril dernier. Ecarts d'identité s'est
associée à ce colloque. Elle en produit ici les actes augmentés par
d'autres contributions sur le sujet : l'ensemble insiste sur la même
nécessité de former autrement les acteurs sociaux. Si on veut éviter
le risque d'exposer ces acteurs à une schize entre les injonctions
politico-institutionnelles, généralement "monoculturelles", et la
diversification de la réalité sociale, il est urgent d'intégrer ces
questions dans leur formation.
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