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000 et partout la fête.
Magie d'un chiffre qui sied aux puissances actuelles de la mise en spectacle du monde.
Il est pourtant une interrogation qui sourd dans
ces détonations d'artifices : si 2000 calcule le temps partout, cela signifie-t-il
un alignement de l'humanité sur une seule mesure -- la mesure chrétienne -- de la temporalité ?
Autrement dit, est-ce le signe d'une domination symbolique et mono-culturelle des temps modernes ?
Répondre dans le triomphalisme ou dans le dépit, c'est s'engluer
dans les pièges des mystifications (des pensées d'essences ou d'eschatologie) qui fleurissent en
ce tournant du siècle. C'est se rendre incapable de penser ce qui arrive.
Ce qui arrive, c'est que le "partout" est une circulation,
une migration, un déplacement généralisés. Tous nos repères spatio-temporels s'exilent et se
reterritorialisent autrement. Si 2000 mesure le temps partout, c'est que le "partout" habite
et diffracte de l'intérieur la temporalité 2000...
C'est ce que, sur une petite échelle comme la France, nous
pouvons saisir derrière des mots parfois écrans (modèles d'intégration, crise des banlieues,
politique de zonage, stigmatisation des différences socio-culturelles, confusions entre
différence et handicap...). En fait, l'horizon des années 2000 s'ouvre par des redéfinitions
déjà en cours. Aucune frontière n'y échappe (géographiques, culturelles, sociales, économiques,
administratives...) et toutes annoncent un nouveau visage : au moins dans le cadre européen,
le vieux "creuset" se retourne comme un gant pour faire "saillie"...
Ces redéfinitions imposeront en tout cas-- imposent déjà
-- des métamorphoses de la question socio-culturelle. L'appel, l'invite ou le défi sont
ainsi déjà lancés : réinventer une geste publique pour que les mêmes droits pour tous
restent garantis dans le respect de la singularité et de la différence de chaque sujet.
C'est ce dont devrait répondre le cap interculturel qui n'est ni l'écueil de l'effritement
des mémoires culturelles, ni celui d'un monolithisme destinal. Il est celui du génie du Démos,
réinventeur toujours de son histoire. C'est en saluant ici ce génie qu'Ecarts d'identité et
l'équipe pédagogique du DUMIDS (Diplôme Universitaire Médiation Interculturalité Développement
Social, Université Lyon II), partenaire de ce numéro, présentent à chacun leurs meilleurs voeux.
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