EDITORIAL
Abdellatif CHAOUITE



«E carts d’identité fait peau neuve. Nouveau format, nouvelle couverture, relookage du titre-logo et de la maquette... Elle gagne ainsi en cohérence au niveau de son style (entre la forme et le contenu), en commodité (exposition et archivage plus pratiques) et en esthétique sobre (donc en confort de lecture). Elle gagne en richesse également au niveau de son contenu (un espace hors-dossier et la possibilité de donner plus de place aux rubriques existantes ou d’en rajouter d’autres). Ces remaniements sont importants en eux-mêmes et significatifs de la volonté de l’ADATE qui édite Ecarts d’identité de continuer à oeuvrer, au sein du réseau éditorial des Revues Plurielles et interculturelles, dans le double objectif : de donner plus de lisibilité aux phénomènes sociaux liés aux expériences migratoires, à leurs mémoires comme à leurs devenirs et de participer à l’animation des débats sur ces phénomènes. Ces remaniements étaient également nécessaires car ils traduisent le souci de l’équipe de la rédaction d’offrir aux lecteurs une revue qui corresponde au nouvel échéancier de sa parution : le semestre. Deux livraisons donc par an, mais avec des dossiers plus amplement traités et des rubriques plus riches. C’est un équilibre entre la détermination de continuer nos rendez-vous avec nos lecteurs, le temps de la réflexion, de l’élaboration et de la lecture, et les contraintes matérielles rencontrées et sur lesquelles nous nous sommes déjà expliqué.
La ligne rédactionnelle reste cependant la même : faire croiser les registres des discours (scientifique, professionnel, expérientiel) concernant les migrations, l’égalité et l’interculturalité. L’exigence également : dire, écrire contre l’ « empâtement » (G. Orwell) de la langue (les langues de bois, les discours simplificateurs, les idéologies ordonnatrices, la paresse des idées, les clichés...) qui tient lieu bien souvent de « pensée » dans ce champ. Pensée méprisante de certaines catégories sociales et du social tout court, pensée domesticatrice que nous continuerons dans cet espace à déconstruire, dans le respect des mots et l’écoute de celles et ceux qui ne disposent pas toujours des moyens d’une parole qui « compte ».
Bonne augure ? Cette nouvelle série s’ouvre avec une thématique, une question au fondement même de la relation entre toute figure de migrant et toute figure de son hôte : l’accueil. Un regard porté sur « Trente ans d’accueil des étrangers en France », extraits d’actes du colloque organisé par l’ADATE à Grenoble en novembre 2004. A plusieurs reprises dans le passé, Ecarts d’identité a abordé cette thématique et, probablement, reviendra dessus dans l’avenir. C’est que l’accueil est la mesure et le moment de vérité de toute la temporalité des rapports (sociaux, économiques, culturels, politiques, psychologiques...) avec l’étranger. Car « Accueillir l’étranger, il faut bien que ce soit aussi éprouver son intrusion » (J.-L. Nancy). Les politiques, comme les différentes pratiques d’accueil de l’étranger, nous parlent de cet « éprouvé » et, partant, du destin de ce que l’accueillant et l’accueilli construisent ensemble.
Accueillons-nous donc, éprouvons nos écarts pour un nouveau bout de chemin à faire ensemble.

~ Ecarts d'identité N° 106 : "Trente ans d'accueil des étrangers en France" ~ Juin 2005 ~
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